L’artiste représente ici la translation des reliques de la couronne d’épines. Au centre de la composition, le roi Saint Louis (Louis IX, 1214-1270) porte un coussin rouge où repose la couronne mise sur la tête de Jésus par les soldats romains lors de son jugement. Il est reconnaissable à sa couronne, son manteau bleu couvert de fleurs de lys dorées, armes de la couronne de France, à la richesse de sa tunique, dorée, richement bordée d’hermine aux manches et en son bas, coupée à la manière d’une dalmatique, tunique liturgique que revêt le diacre. Enfin, le cercle doré derrière sa tête représente l’auréole qui indique traditionnellement la sainteté des personnes, resplendissantes de la gloire de Dieu. Il est encadré par quatre clercs reconnaissables à leur coupe de cheveux, la tonsure, et portant un dais aux armoiries de France. Le dais, utilisé généralement lors des processions du Saint Sacrement, signifie ici l’importance de la relique[1], celle de Jésus, vrai Dieu. Cette couronne symbolise la royauté de Jésus, loin de la royauté de la terre. Jésus est notamment roi par un amour qui s’attache le cœur des humbles et des pauvres, jusqu’à être prêt à se livrer pour les sauver de la mort venue dans le monde par le péché.
Autour du roi se tiennent aussi deux évêques reconnaissables à leur chapeau – une mitre. Celui situé au second plan se tient les mains jointes et la tête baissée en signe de recueillement. Sur sa chasuble rouge, le vêtement liturgique utilisée pour les messes, est déposé un pallium, une bande de tissu en laine, remise aux archevêques. Au quatrième plan, un second évêque porte la crosse, ce bâton terminé en une volute et qui rappelle le bâton du pasteur qui prend soin de ses brebis. En arrière-plan, on devine d’une part, d’autres personnages tonsurés, probablement des religieux. Ceux de droite nous tournent le dos et se tiennent deux par deux, croix de procession en tête. Ils forment la tête de la procession qui s’avance vers un édifice religieux repérable à ses voûtes gothiques – évocation possible de la Sainte Chapelle, à Paris, que Saint Louis a fait construire à la manière d’un grand reliquaire pour qu’y soit déposée la couronne d’épines. Sur le premier plan, d’une part une mère et son fils. La mère, le visage tourné vers l’enfant lui explique ce qui se passe. D’autre part, deux jeunes hommes prient au passage de la procession. Ces deux groupes nous donnent à voir ce que nous pouvons faire : prier devant Jésus mort pour nous et transmettre notre foi aux nouvelles générations.
Cette fresque tout en rappelant une manière qu’a eu l’Eglise de méditer sur la passion de Jésus, en priant devant la couronne d’épines, évoque aussi un passage de la vie du Saint patron de l’Eglise, Saint Louis, fêté le 25 août.
Père Stanislas Delcampe Août 2018
[1] Relique vient du mot « reliquia », en latin, qui signifie « le reste ». Une relique est « ce qu’il reste ». L’usage a fait que la relique est devenue « le reste d’un saint ».